Discours pour la Réception Commémorant la Journée Dédiée à Martin Luther King

Bonsoir, distingués invités, amis et collègues. Daphne et moi avons l’honneur et la joie de constater que vous avez pu vous joindre à nous ce soir pour célébrer et nous souvenir du Dr. Martin Luther King et du mouvement auquel il a consacré sa vie. Le message puissant du Dr. King—qui fut peut-être exprimé de façon la plus mémorable dans son discours reprenant à maintes reprises la phrase « J’ai fait un rêve »—a touché les vies de tous les Américains présents ici ce soir—et aussi, ma foi, celles de tous les Congolais. La vision d’un avenir commun à laquelle le Dr. King a pleinement souscrit transcendait les divisions ethniques, raciales et celles propres aux nations. Ce soir, nous sommes tous rassemblés, Américains et Congolais, pour nous souvenir de l’héritage de ce grand homme et jouir des fruits d’une riche culture dont les racines plongent en Afrique.

Dans le vestibule de notre maison ce soir, vous avez peut-être remarqué des affiches qui mettent en exergue le mouvement américain pour les droits civiques. Certaines d’entre elles décrivent le Dr. King. Ce sont des images de lutte et de triomphe qui, à première vue, semblent appartenir à une époque révolue. L’Amérique de ce temps-là—dans laquelle la ségrégation légale envahissait le quotidien d’un grand nombre d’Américains—fait bien sûr partie de l’histoire. Les écoles, les restaurants, les universités et les lieux de travail ne tolèrent plus la ségrégation raciale sur toute l’étendue du pays, et en 2008, les Etats-Unis ont élu leur premier président noir, Barack Obama. Ces images nous interpellent, néanmoins. Le lien commun qui nous relie à ceux qui ont été personnellement témoins de ces évènements est une reconnaissance innée de ce que la nature humaine peut offrir de meilleur et de pire. L’homme vil humilie et ostracise ceux qui sont différents de lui. Tandis que l’homme qui exalte ce qu’il y a de meilleur en lui cherche plutôt à comprendre, à aimer et à partager des traits communs avec son prochain. C’est précisément ce que Martin Luther King a fait.

La biographie du Dr. King en dit autant sur l’époque à laquelle il a vécu que sur les convictions et les réalisations de l’homme. Martin Luther King, né en 1929 sous le nom de Michael King, était un fils de l’Etat de Géorgie, éduqué dans le Sud profond en proie à la ségrégation. Après mûre réflexion, King, qui était un élève intelligent quoiqu’humble, décida d’obtenir un diplôme en théologie et de devenir pasteur Baptiste. Il considérait le problème et la solution à l’injustice sociale ambiante à travers le prisme de sa foi. Ses convictions religieuses ne tolérait ni la haine issue du racisme, ni l’usage de la violence pour la corriger. C’est cette double conviction qui l’amena à soutenir Rosa Parks pendant le boycott des bus de Montgomery en 1955. Cette conviction a aussi été à l’origine de sa lutte contre la ségrégation à Albany, en Géorgie, en 1957 et, par la suite, en 1962 au cours des manifestations non violentes qui eurent lieu à Birmingham, en Alabama. Elle l’a inspiré à propos de la célèbre Marche sur Washington de 1963 et de sa participation au mouvement des droits civiques pendant les années qui suivirent.

Dans son discours reprenant la phrase célèbre « J’ai fait un rêve » prononcé durant la Marche sur Washington, le Dr. King a décrit sa vision de l’avenir dans lequel ses « quatre petits enfants vivront un jour dans un pays où ils ne seront pas jugés selon la couleur de leur peau, mais selon la valeur de leur caractère ». A travers ces mots, le Dr. King, et le mouvement des droits civiques en général, ont fait de l’Amérique une nation meilleure, plus juste, plus morale et plus unie. Leurs efforts conjoints ont rapproché davantage l’Amérique de l’esprit de la Constitution des Etats-Unis, qui stipule que tous les hommes sont créés égaux. Les paroles et les actes du Dr. King ont inspiré—et continuent d’inspirer—génération après génération, dans le monde entier.

Assurément, la voix du Dr. King a également suscité le changement sur ce continent. Je trouve remarquable que trois des Lauréats du Prix Nobel d’origine africaine sont ou ont été des Américains—le diplomate américain Ralph Bunche en 1950, le Dr. King en 1964 et Barack Obama en 2009. Ils ont tous trois surmonté les obstacles suscités par les barrières raciales de leur société ; et ils ont accompli cela en tant que partisans de la réconciliation pacifique. Cette approche préconisant la lutte non violente pour la liberté évoque un autre grand homme et Prix Nobel de la Paix qui nous avons récemment perdu, Nelson Mandela. Le Dr. King et Mandela ont rêvé à une société où les Noirs et les Blancs seraient égaux, et à travers leur leadership et leur foi en l’utilisation de moyens pacifiques pour réconcilier la société, ils ont vu ce rêve s’accomplir. Mandela s’est particulièrement fondé sur la déclaration du Dr. King soulignant que : «l’injustice en quelque lieu qu’elle se produise menace la justice partout », quand il cherchait à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.

Par conséquent, quand vous regardez les images du Dr. King sur les affiches et sur la vidéo montrant la Marche sur Washington qu’on diffuse dans le jardin, pendant que vous appréciez les riches traditions culinaire et musicale de la culture des Africains-Américains, gardez à l’esprit que nous célébrons avant toutes choses ce que le Dr. King a défendu : un triomphe commun sur l’adversité et la division, et une humanité partagée. Les festivités de ce soir sont bien plus qu’une reconnaissance de la réalisation du rêve du Dr. King, elles nous offrent l’occasion de nous réunir dans l’esprit dans lequel il a vécu.

Soyez donc, une fois de plus, les bienvenus. Daphne et moi sommes honorés de votre présence ce soir. Nous espérons que vous apprécierez l’occasion de considérer ensemble la vie du Dr. King. Merci.